Etape 7 - Polonnaruwa - Les trésors du Quadrilatère
Dimanche 12 avril. Levé une fois encore de bonne heure ce matin. Le programme est chargé avec la visite de Polonnaruwa***, l'ancienne capitale de la dynastie Chola et des rois cinghalais. Plus petite qu'Anuradhapura, Polonnaruwa, vieille de plus d'un millénaire, est pourtant mieux conservée que son aînée. Bon, autant le dire tout de suite, mon site préféré au Sri Lanka. Pour s'y rendre, on emprunte une route à travers les plaines centrales du pays***. De vastes étendues verdoyantes et gorgées d'eau se succèdent. Des rizières, mais aussi d'incroyables champs de lotus émergés. Des arbres surgissent ici et là des plaines inondées. Leurs troncs se reflètent dans les eaux bleues. Il semble parfois qu'il n'y ait plus d'endroit ou d'envers. Une vision quasi magique.
Bon, cette fois fois-ci, nul besoin d'être jeté au milieu de la circulation avant de visiter le site. Les loueurs de vélos sont à l'entrée du parc archéologique. A peine 3 euros la journée, je prends. Ô miracle ! Mon vélo a des freins ! En plus, il est muni d'un petit panier qui permet de glisser le sac photo. Cool. Pour cette première étape, direction le Quadrilatère, la partie la plus emblématique du site. En chemin, impossible de passer à côté du temple Shiva Devale n°1***. Un nom un peu barbare pour désigner ce temple hindou du XIIIe siècle qui témoigne de l'influence indienne sur Polonnaruwa. Si le toit de brique en forme de coupole a fini par s'effondrer, on peut quand même admirer le travail de précision des tailleurs de pierre. Le savoir-faire indien en quelque sorte... Il faut dire aussi que la dynastie Chola d'Inde du Sud fit de Polonnaruwa sa capitale après avoir conquis Anuradhapura à la fin du Xe siècle. Elle était mieux placée pour se protéger d'éventuelles rébellions du royaume cinghalais de Ruhunu, dans le sud-est. Mais elle était aussi moins envahie par les moustiques ! Un siècle plus tard, lorsque le roi cinghalais finit quand même par chasser les Indiens, en 1070, il conserva Polonnaruwa comme capitale. Sus aux moustiques !
Trois coups de pédale plus loin, nous voici à l'entrée du Quadrilatère***, reflet architectural de l'apogée de Polonnaruwa atteinte avec le règne de Parakramabahu 1er (1153-1186). C'est lui qui fit édifier d'énormes bâtiments, traça d'immenses parcs et créa un réservoir de 25 km2. Une apogée de courte durée, car Nissanka Malla (1187-1196) conduisit le royaume à la faillite en essayant de rivaliser avec ses prédécesseurs. Au début du XIIIe siècle, Polonnaruwa se montra finalement aussi vulnérable aux invasions qu'Anuradhapura... C'est ainsi qu'elle fut abandonnée. Le bâtiment le plus imposant, et sans doute le mieux conservé du Quadrilatère est sans nul doute le Vatadage***. Cette chambre de relique circulaire comporte une terrasse extérieure de 18 m de diamètre, puis une seconde terrasse à quatre entrées, flanquées chacune d'elle de deux gardiens. Elles permettent d'accéder au dagoba central et à ses quatre bouddhas. En résumé, sans doute le plus beau monument historique du Sri Lanka.
Tout de suite à droite de l'entrée, impossible de manquer le Satmahal Prasada**, une petite construction pyamidale à six degrés, évoquant une ziggourat. De petites figures divines se nichent dans ses murs. "Eh oui, il faut avoir l'oeil, ma p'tite Aurélie..."
Entre la pyramide du Satmahal Prasada et le temple de l'Hadatage, se dresse le Gal Pota***, un grand livre de pierre de 9 m de long, 1,50 m de large et 60 cm d'épaisseur. Impossible de le manquer ! L'inscription indique qu'elle a été érigée par Nissanka Malla. Elle vante ses exploits et précise que cette dalle de 25 tonnes fut transportée de Mihintale, à 100 km de là !

Face au Vatadage, voici le Hatadage***, édifié par Nissanka Malla. Il aurait été construit en 60 heures... Ce qui explique peut-être sont piteux état d'aujourd'hui. Il comptait à l'origine deux étage et aurait abrité la dent du Bouddha. Des statues de Bouddha orne le fond de l'édifice.
Dans le prolongement de l'Hadatage, voici... l'Adatage***. Sans le "H" cette fois-ci. "Ils sont fous, ces Pak-Pak !" Il s'agit d'un santuaire destiné à recueillir la Dent sacrée de Bouddha. C'est le seul édifice de l'apoque de Vijayabahu 1er subsistant à Polonnaruwa. Du temple, il ne reste que les fondations, les piliers portants, un splendide Bouddha debout et drapé, et le socle d'une autre statue.
Un peu à l'écart du Vadatage, on ne peut pas passer à côté du sanctuaire de Bodhi*** dont il ne subsiste rien d'autre qu'une magnifique statue de Bouddha debout. Sans doute la plus belle du site... et la plus photogénique !
A droite de la statue, petit coup d'oeil sur Lata Mandapaya***. Une curieuse clôture de pierre enserre un minuscule dagoba cerné de piliers figurant des tiges de lotus couronnées de bourgeons. C'est ici que Nissanka Malla venait s'asseoir pour écouter les texte bouddhiques chantés.
En se retournant, on peut également admirer la Salle du Bouddha couché** dont il ne reste que les escaliers de pierre, les fondations et les piliers. La stèle du Bouddha est encore là... Mais point de Bouddha.
Dernière étape avant d'arriver au Thuparama Gedige, le Sanctuaire de l'arbre de la Bohdi*, dont il ne reste aussi que des ruines, la porte, des piliers et des fondations.
Enfin, nous voici devant le Thuparama Gedige*** qui n'est autre un petit temple bouddhique creux aux murs épais. Le plus petit de Polonnaruwa, mais sans doute l'un des plus beaux. Son toit est conservé intact..., mais hélas en restauration. Tant pis pour les corbeaux qui le soutiennent. A l'intérieur, il fait noir comme dans un four. Le temps que nos yeux s'adaptent, apparaissent huit superbes statues de Bouddha.


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